The Search
France, 2014
De Michel Hazanavicius
Avec : Bérénice Bejo
Sortie : 26/11/2014
Entre 1999 et 2000, lors du conflit opposant les Russes et les Tchétchènes, Carole, infirmière et membre d'une Organisation Non Gouvernementale, recueille un jeune enfant tchétchène...
Depuis sa sélection à Cannes, le film a été remonté.
YOU SHOULD BE DANCING, YEAH
On serait tenté de voir en l'accueil assez glacial (en tout cas du côté de la France) du nouveau film signé Michel Hazanavicius un retour de bâton aigri pour le golden boy de The Artist. C'est un argument tout à fait recevable tant on sait que la pose compte dans l'accueil de certains films vus à Cannes. Notre raison de conspuer The Search est plus simple: nous avons trouvé le film intolérable. Dans le dossier de presse assez culte consacré au long métrage, Hazanavicius explique qu'à l'heure des séries télévisées, les films d'1h30 sont condamnés à l'allégorie et que, donc, les 2h30 se justifient ici pour approfondir ses personnages. Au-delà du fait qu'ils ne nous ont pas parus profonds du tout, il y a derrière cela une idée déprimante d'un seul système narratif valable (si possible fidèle aux canons des séries anglo-saxonnes, puisque c'est ce dont on parle) et qu'en gros, un film de 2h30 sera meilleur qu'un film d'1h50 (lui-même probablement plus profond qu'un film d'1h22). Il est facile de faire dire à Hazanavicius ce qu'il n'a pas dit, mais on troque sans problème des films richissimes de 1h30 contre ce gros vent de rien qui dure une heure de plus.
Lors d'une scène sifflée en plein film (!), une berceuse mimi est lancée sur des visages d'enfants de la guerre en alternance avec des plans de cadavres. La putasserie de cette séquence est assez ahurissante, mais on ne fera pas non plus le procès moral de The Search (procès qui sert parfois dans la critique à "invalider" des films pour des raisons secondaires). The Search est tout bêtement plat à crever, d'un ennui épouvantable et mono-marron dès les 3 premières minutes, tandis qu'Hazanavicius traite son sujet comme s'il s'agissait d'un Euro-pudding ringard réalisé au début des années 90. Bérénice Béjo qui délivre ici une de ses pires performances n'est jamais crédible une seconde dans son rôle de chargée de mission par l'Union Européenne qui doit faire face au désastre du conflit en Tchétchénie. "Ce qui est incroyable, c'est à quel point les gens s'en foutent", entend-on dans le film avec une ironie particulièrement délectable. Le sujet de The Search est bouleversant, mais nous ne sommes pas Rose Bosch (pour qui ne pas pleurer devant son navet sur la Seconde Guerre Mondiale revient en gros à être du côté des nazis): du point de vue du cinéma, The Search semble mort-vivant, dénué de toute personnalité et n'a rien à dire qui ne soit pas caricatural. S'il a pu faire mouche avec ses parodies/hommages, Hazanavicius perd totalement pied dans ce film de guerre d'un autre temps.